Retour sur l’histoire, les défis et grandes étapes de ce projet qui a mobilisé le service de la formation professionnelle du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse du Luxembourg et les équipes de LuxTrust.

Tout commence en 2020. Le Luxembourg, qui a pris très tôt le virage de la digitalisation des services, cherche à étendre cette stratégie au plus de secteurs possibles, dont celui de l’éducation. À l’instar de MyGuichet, une plateforme qui permet aux citoyens d’accéder à des services et d’effectuer leurs démarches administratives en ligne, l’European Digital Credentials for Learners (EDCL) va dans le sens d’une simplification des usages tout en offrant aux bénéficiaires de nombreux avantages.

Portée par l’Union Européenne, l’EDCL est une initiative visant une meilleure transparence des qualifications et des compétences. Concrètement, l’idée est de créer des équivalents numériques aux justificatifs de formation papier, ayant la même valeur juridique, et de les télécharger sur un espace unique : Europass. Cette plateforme est accessible à l’ensemble des citoyens des pays européens sur simple inscription et leur permet d’enregistrer leurs expériences professionnelles, leurs formations, de conserver leurs diplômes ou encore de télécharger leur CV.

Autant d’opportunités qui retiennent l’attention du service de la formation professionnelle du ministère de l’Éducation nationale du Luxembourg. Comme le souligne Tom Muller, directeur adjoint du service : « Avoir une version digitale de son diplôme papier, fiable, authentifiée et valable dans tous les pays européens est un véritable atout pour prouver ses compétences et gérer sa carrière ».

Dans les faits, le déploiement de ce projet se déroule sur deux ans avec, en premier lieu, la sélection de quatre classes pilotes pour tester Europass. Les élèves doivent d’abord créer un identifiant sur cet espace où ils retrouvent ensuite les informations relatives à leur formation s’ils réussissent leur examen final. Or, si le service de la formation professionnelle arrive bien à charger ces données sur la plateforme et à les convertir sous un format standardisé – un fichier .xml avec une partie encryptée –, il ne parvient pas à y apposer un cachet électronique servant à authentifier le contenu du document, sa provenance et sa date de création.

C’est là que LuxTrust intervient. « Le service de la formation professionnelle nous a contacté pour savoir si notre plateforme de gestion de documents et de signature électronique COSI, que le ministère de l’Éducation nationale utilisait déjà, pouvait servir à cacheter automatiquement ces documents avant de les rebasculer sur Europass, ce qui était le cas », explique Fabrice Aresu, CEO de LuxTrust.

D’un côté, le service de la formation professionnelle se charge de collecter les données essentielles des élèves (nom, prénom, matricule, mention obtenue, formation, année, etc.) et de générer les fichiers .xml à partir d’un programme développé en interne, de l’autre LuxTrust appose avec COSI un cachet électronique qui scelle ces documents avant leur ajout sur Europass.

Pour l’équipe de LuxTrust mobilisée sur ce projet, le défi n’est cependant pas d’ordre technique car le groupe possède une expertise de longue date dans le domaine de la signature et du cachetage électronique, mais volumétrique avant tout. L’enjeu consiste en effet à parvenir à cacheter en masse et en une seule fois un nombre important de documents sur sa plateforme mutualisée sans pénaliser les autres utilisateurs. « Nous avons dû faire des adaptations et mettre en place des processus spécifiques sur COSI pour continuer à délivrer les mêmes performances et services à tous nos clients », souligne Fabrice Aresu.

Depuis son lancement officiel en 2021, après la phase pilote, plus de 4000 diplômes ont ainsi été cachetés sur COSI et ce nombre ira croissant. « Notre ambition est d’avoir plus de diplômes et de certificats sur Europass, explique Norma Bigelbach, coordinatrice de projets numériques au sein du service de la formation professionnelle. Et nous souhaitons également promouvoir plus largement l’initiative d’EDCL pour l’étendre à davantage de parcours de formation en nous appuyant sur des associations comme l’Anefore par exemple, qui est responsable du déploiement d’Europass au Luxembourg ».

Pour le ministère de l’Éducation nationale, ce projet est en effet stratégique à plus d’un titre. Outre les nouvelles possibilités offertes aux élèves dans un monde de plus en plus digitalisé, les diplômes sont disponibles en 3 langues et interopérables, ce qui facilite les échanges entre les pays. Ils se réfèrent également au cadre européen des certifications, l’European Qualification Framework, qui permet de connaître un niveau de formation équivalent dans un autre pays. Dans cette même logique, « sur Europass, le supplément au diplôme qui précise quelles sont les compétences acquises par nos élèves dans le cadre de leur formation et ce qu’ils ont appris, est attaché systématiquement au diplôme, ajoute Norma Bigelbach. À eux de l’utiliser ou non en fonction de leurs besoins ! ».

Car sur Europass, c’est l’utilisateur qui choisit quelles informations il souhaite ou non partager, à qui et pendant combien de temps. Aucune entreprise ne peut consulter librement un CV ou vérifier la formation d’un candidat sans avoir au préalable reçu un lien d’accès généré sur la plateforme par ce dernier. « Alors que l’essentiel des services de confiance numériques est encore majoritairement utilisé par les entreprises et les États, ce projet est exemplaire car il s’adresse en priorité aux citoyens. Or, l’inclusion numérique doit concerner le plus grand nombre », conclut Fabrice Aresu.

Preuve du caractère novateur de ce projet, le service de la formation professionnelle a d’ailleurs remporté en 2021 le prix du meilleur projet de transformation digitale !